Le journal de Base-jump
Le journal de Base-jump
1. Janvier 2005, Falaise des Cavaliers, (250 m).
Après un w-e à voir sauter Ben et sa bande, ils acceptent de m’emmener au Cavaliers. Le copain (4 sauts au Fades) qui saute devant moi glisse au départ, se retrouve tête en bas et se fait très très peur. Bon départ, pour saut atterro loin. Bilan : je n’ai rien compris, je commence à développer une technique d’exit stupide.
2. Bloukrans Bridge, Afrique du Sud.
Avec la technique répétée, je me retrouve très mal, assis sur la rambarde. Je me lève, je me laisse tomber en avant et je me détend. Résultat : plongeon tête en bas, heureusement que j’ai lâché l’extracteur en partant. Atterro dans l’eau, je m’emmêle dans mon parachute et j’ai un peu de mal à sortir de l’eau.
3. 4. 5 et 6. Bloukrans Bridge.
7. Bloukrans.
Ces crétins me font partir en PCA.
8. Gouritz Bridge, Afrique du Sud, (65 m).
On arrive en voiture vers 19 h à Gouritz, on se dépêche de se préparer avant la nuit. Je pars le premier, Al me tient l’extracteur. Il y a du vent de travers qui provoque une dégueulante. Résultat : 8 secondes de l’exit à l’atterro. Voyant cela, Al décide de ne pas sauter.
9. Gouritz Bridge.
Le matin suivant, le vent est calmé ; bon départ, vol de 15, 16 secondes environ. Quel plaisir d’atterrir sur le sable de cette large rivière, et voir ses pas démarrer sur la plage vierge.
10. 17 février 2005. Hout Bay (?), (200 m).
Fièvre de cheval, passé la nuit à trembler et à suer. Heureusement, ils sont pas partis à 5 h du mat comme prévu, mais à 10 h, et j’étais moins mal. Bon allez, je viens juste pour regarder, mais j’enmène mon parachute... Difficile ascension. Bon allez, j’y vais... Sublime paysage ; départ surplombant, atterro luxueux. Sté appelle quand je suis sur l’exit. Tout se passe bien, mais Sean se pose vent arrière et se fait une écorchure.
11. 25 avril 2005. Falaise des Cavaliers, (250 m).
J’avais bricolé un velcro sur mon épaule qui m’a permis de partir bras bas sans me préoccuper de la drisse. Vent un peu fort et turbulent au départ, les feuilles au fond du canyon ne semblent pas bouger. J’y vais. Très bon départ, 1,5 seconde de retard et à l’ouverture, la voile part à gauche à fond et je me retrouve face à la falaise, mais loin, 10 m et ma voile ne vole pas encore. J’enfonce à bloc la commande D et la voile s’écroule en virage ouf !! mais en vol c’est l’horreur. Turbulences, remontées, je me bat tout le vol pour garder la voile ouverte et au dessus. Enfin le fond arrive, atterro bon. Bordel pour remonter ; il faudra que je repère mieux le chemin en rive droite. Conclusion : je ne vole plus au Verdon quand je suis pas sûr que c’est calme, même au départ, parce qu’une turbulence à l’ouverture peut foutre en 180.
12. 4 juin 2005. Pont de l’Artuby, (145/185 m selon les versions).
0 vent. Joli saut calme et dans l’axe ; atterro un peu scabreux (mais comme Bloukrans). Il faut juste pas le rater, y a rien d’autre. Le prochain, j’y vais rangé.
13. 6 juin 2005. Vent des Errances, (300 m).
Avec Laurent, rencontré la veille, rendez-vous 7h30. Mal à l’aise sur le départ, départ piqueur (pas trop) pas d’appui sur les jambes, (qui s’agitent)
¼ tour à l’ouverture ; bon atterro dans le pierrier en pente.
14. 8 juin 2005. Pont de l’Artuby, (150 m ?).
15. 10 juin 2005. Vent des Errances.
8h15 au départ. Temps calme. Ce site m’impressionne. J’étais tout seul sur ce rocher et j’ai mis 15 minutes pour arriver à sauter. Vol un peu piqueur au départ (la peur me rend piqueur, elle doit peser dans la tête) qui se rétablit bien à plat avec l’arrivée des filets d’air. J’attend encore une grosse seconde et je tire, bien dans l’axe. Gros choc à l’ouverture malgré le glisseur, je devais être encore piqueur. Atterro OK dans le pierrier, retour en stop.
16. 12 juin 2005. Vent des Errances.
Rencontré Michael sur le départ. Départ pieds décalés sur ses conseils, beaucoup plus stable, bon visuel, mais la chute à plat tourne 20-30° à gauche. Bonne ouverture. Un peu gamellé sur le pierrier.
17. 23 juin 2005. Pont de l’Artuby.
Pour ne pas me retrouver bas à nouveau, je pars extracteur à la main. Bon vol bien stable ; je me retrouve pendu assez haut et suite aux mauvais souvenirs, je fais mon 180 de suite ! je me retrouve trop haut au-dessus du minuscule atterro et je dois en faire un autre en catastrophe. Je passe en sifflant la cime des arbres et je me pose… impeccable !
18. 9 juillet 2005. Falaise des Cavaliers.
Un petit saut glisseur bas pour me remettre en jambes (je me dorlote) avant d’attaquer le VDE. J’avais convaincu Michaël qui avait replié glisseur bas avec un extracteur de 24, dans la rue, de nuit, la veille ! Bonne sortie bien plate pas de visuel du bas ; je pars avec ma tête très haute. 3 secondes tranquilles, ouverture bien dans l’axe. J’étais ému par les nouvelles de la mort de Yuri : impact sur une pierre, à l’ouverture, à la Dent de Crolles dimanche, mort sous voile bien ouverte… Je teste le Range Finder et je découvre que le pont de l’Artuby fait 137 mètres. Je commence à comprendre le saut 14.
19. 10 juillet 2005. Vent des Errances.
Avec Michaël et Jérôme. Bon départ mais toujours tête en haut et ma jambe gauche gigote. Bon atterro 90° du pierrier. Derrière moi une australienne qui ouvre instable puis OK ; puis Hugo qui ouvre sur la tranche, fait 90° et se retrouve le long du caillou, se gourre d’élévateur, tire un avant et va droit au mur. Heureusement y avait une /illisible…./ et il se pose dedans, et rentre sur ses pieds. On replie et on y retourne vers 11h30, mais je décide de ne pas sauter, tout comme Michaël. Hugo et Jérôme sautent. Je dis ça ainsi : si je jette une poignée d’herbe et qu’elle me revient dans la gueule je saute pas. Hugo a 250 sauts en base.
Le 10, je me pète la gueule dans ma salle de bains ; je manque mourir sur cette marche tranchante ; le 11 ils me recousent le coude droit à l’hosto de Draguignan et me prescrivent 10-12 jours de bras en écharpe. Le 12 je monte au Vent des Errances, mais j’ai mal partout, il y a du vent. Hugo saute, et un autre, mais moi pas. Le 13 j’y retourne et je veux perfectionner mon exit : plus de cul en arrière. Je me sens bien sur l’exit, je crois que j’ai apprivoisé le monstre. Bon départ, bon vol à plat sans dérive, mais ma gauche continue de gigoter, j’y travaillerai au prochain.
21. 14 juillet 2005. Falaise des Cavaliers.
J’avais pas volé le matin du VDE pour disperser les cendres de Yuri, mais le soir, ils m’avaient convaincu que les Cavaliers ça se sautait avec glisseur, et on a été accompagner le père de Yuri qui faisait son 1er saut en direct bag. Je suis parti en 2ème fusible derrière Fido qui, extracteur à la main faisait son 7ème saut.
22. 15 juillet 2005. Vent des Errances
Avec Luc qui filme de très près sur l’exit. Bon départ, bon vol ; 3-4 secondes mais cette putain de jambe gigote encore. Je décide de tout changer mon exit pour demain.
23. 16 juillet 2005. Vent des Errances.
Luc filme d’en bas, à l’atterro.
Départ bras hauts, pieds joints, qui m’envoie très piqueur. Je décide de rattrapper et je me redresse 90° à l’ouverture. Le bon point est que j’ai contrôlé le temps de chute en me calant pour la 1ère fois sur le visuel du sol qui monte. J’ai fait plus de 6 secondes, à la grande terreur de Yanelis et Luc.
24. 21 juillet 2005. Vent des Errances.
Avec Philippe qui regarde. Bon départ, vol un peu court -4 secondes- toujours cette jambe qui remue et me desaxe en lacet. Atterro dur, le buisson dans lequel je me suis posé cachait un rocher : une cheville foulée !!! je remonte néanmoins par le chemin, je me perd : 2h de marche pour remonter.
25, 26. Falaise des Cavaliers.
Pas de problèmes.
27. 8 août 2005. Falaise des Cavaliers.
28, 29, 30. Falaise des Cavaliers.
31. 17 août 2005. Cheminée de Gardanne, (300 m).
Minuit.
Rdv au Medo, se glisser sous la clôture, se cacher quand les voitures passent, l’échelle vertigineuse et en haut, l’orage menace : électricité statique épaisse, feux de St Elme, arcs partout. Bon départ pendu à la balustrade ; 5 secondes bien comptées, atterro dans la cendre, on court, on se cache, personne ne nous a vus. Vol génial.
32. 18 août 2005. Cap Canaille.
On est arrivés en retard, le vent se lève. Sylvain me plie glisseur bas. Il saute devant moi, faut se dépêcher, je pars mal, piqueur et désaxé, saut de merde. Atterro OK. Il faut que je change ce départ : décaler les pieds me fait partir tantôt bien quand je suis calme, tantôt en merde quand je mets mon centre de gravité sur la jambe arrière !
33. 20 août 2005. Vent des Errances (VDE).
Tout changé à nouveau. Départ pieds joints (à la Sylvain) avec « du poitrail » vers l’horizon et sans armer le geste. Départ parfait, vol stable 4 secondes, atterro OK, je me paume encore sur le chemin de Yuri heureusement j’ai ma gourde.
34.35.36.37 : OK
38 : 4 septembre 2005. VDE.
Avec Vincent et Jérôme. Filmé par Luc et Marie après calamiteux essai de catapulte. Super saut avec belle dérive enfin pour montrer à mes gourous. Très content.
39. 10 septembre 2005. VDE.
Bon vol. Avec les anglais de High Access qui prennent des photos. J’attend leur disque avec impatience.
40. 17 septembre 2005. VDE.
La veille Stéphane et Sylvain s’étaient cassés, j’avais la catapulte dans une semaine mais j’ai voulu célébrer un peu mon n°40. Départ 6 h. Seul sur l’exit à 8 h ; bon vol, une petite orientation à droite à l’ouverture, vite contrée ; atterro OK (je porte un casque pour le VDE désormais). Je trouve enfin le chemin pour monter et je suis au camion à 10 h.
CATAPULTE ; 100 mètres. !YO !
(…) 11 juin 2006.
J’ai failli être le numéro 100 sur la liste, un petit saut tout bête en static line d’un pont de 70 mètres. Quatrième saut, celui qu’on veut se mettre en plus avant de rentrer, trop facile, juste le plaisir de voir le sol te monter à la gueule, trop de vent arrière pour un Mackonky, j’étais debout à moins de 30 cm du point d’accroche de ma drisse sur la rambarde, et au départ, le vent a soufflé ma drisse vers moi, et dans la détente, j’ai passé un pied par-dessus…
Au moment de se tendre, la drisse passait donc devant ma cuisse droite et entre mes jambes… mauvais plan sur un pont de 70 mètres. Parce que j’utilise deux ficelles à casser successives de force 50 kg, elles ont quand même sorti mon parachute entre mes jambes et tête en bas et le bazar s’est ouvert avant l’impact… Alors je crois qu’un mètre désormais me séparera toujours du point d’accrochage de la drisse…
lundi 7 janvier 2008
À partir de janvier 2005, JMM se consacra au base-jump pour pouvoir sauter avec sa catapulte.
Il préfère « le Vent des Errances », dans les Gorges du Verdon, mais il saute également de ponts, d’antennes, de cheminées d’usine...
Au moment de son accident il totalise près de 150 sauts. Voici son journal racontant ses premiers sauts: